Tuesday, July 21, 2009

et l'ecole?

Vous connaissez sans doute ce blog, je n'ai ni les capacités, ni la connaissance, ni la verve de JPB pour vous expliquer pourquoi l'école est dans l'état dans lequel elle est, laissez moi juste vous raconter ce que j'ai vu cette semaine.

Dans le cadre d'une association qui aide des élèves dans leur cursus scolaire ou universitaire j'ai eu l'occasion de travailler avec deux personnes: un enfant de 6 ans qui vient de finir son CP et qui commencera son CE1 et une élève qui vient de finir sa première année de faculté en MIME (Mathématiques, Informatique, Mécanique, Électronique) à Jussieu (Paris 6).

L'enfant qui vient de finir son CP ne sait en réalité pas lire. Il arrive difficilement à déchiffrer des textes simples mais n'arrive pas à faire le lien avec le sens des mots... Nous pouvons invoquer plusieurs raisons qui expliquent pourquoi cet enfant ne sait pas lire allant des techniques d'apprentissage au contexte familial. Je me demande cependant pourquoi est-ce qu'un enfant qui ne sait pas encore lire correctement ne reste pas au CP pour avoir une chance d'apprendre à lire dans des bonnes conditions. S'agit-il
- de parents qui n'acceptent pas le redoublement? pourquoi? peut-être n'ont-ils pas les moyens financiers? ou ne l'acceptent-ils pas socialement? ou ne sont-ils pas au courant que leur enfant ne sait pas lire? ou ce sont les professeurs qui ne le sont pas?
- d'une école qui manque de moyens financiers et qui n'a pas assez de personnel? qui n'a pas de moyens techniques adéquats (dans ce cas le redoublement ne servirait à rien)?

Passons à la deuxième personne qui finit sa première d'université. Il s'agit d'une personne très motivée par ses études, dont la famille est fière et à qui on a dit qu'elle avait toutes les chances de réussir car "elle est forte en maths".
Quand je lui ai demandé de m'expliquer les difficultés qu'elle rencontrait dans sons cursus, elle m'a expliqué qu'elle ne comprenait pas la programmation et que cette partie était une condition sine qua non pour la suite de son cursus université.

Je lui ai proposé de lire ensemble son polycopié d'informatique (le cours théorique) pour essayer de revoir un peu les bases.
En le lisant, j'essayais de faire le parallèle entre les concepts théoriques et la vie de tous les jours (par exemple en parlant d'une fonction ou d'un opérateur).
Je me suis très vite aperçu qu'il y avait un problème de compréhension du texte: les mots comme sémantique, syntaxique, préfixe ou postfixe ne font pas partie de son vocabulaire. Vous imaginez facilement donc qu'elle avait un polycopié auquel elle ne comprenait pas grand chose car si bien elle reconnaissait les symboles, elle ne connaissait pas leur sens.

A ce problème de vocabulaire que je qualifierais de culture générale, s'ajoute un problème de vocabulaire technique lié, lui, à l'enseignement qu'elle suit. En effet, j'ignore si son professeur a pris le temps de leur définir les symboles mathématiques qui sont utilisés, en tout cas, elle les ignorait.
Mettez vous en situation de la façon suivante: essayez de lire une recette de cuisine en chinois et préparez le plat pour un invité de marque...

Plus grave encore, une fois l'étape de la lecture passée: l'abstraction... En effet, résoudre un exercice avec une équation avec des x et y, elle est habituée, mais si à la place j'utilise des cercles et des carrés elle est perdue...
On m'a toujours dit que le contenu de ce qu'on nous enseigne à l'école n'est pas très important car en général soit il est inutile, soit il est utile et dans ce cas on le revoit plusieurs fois dans sa vie. Que ce qui est important d'apprendre à l'école, donc, ce sont les mécanismes de réflexion et d'apprentissage. Il me semble que sans l'abstraction, aucune de ces deux fonctions vitales n'est possible.

Quelle escroquerie que cette école! J'imagine que ses professeurs de lycée étaient bien conscients qu'elle aurait énormément de difficultés dans son cursus scientifique universitaire! J'imagine que sa famille a beaucoup d'attentes confiants qu'ils sont dans le système scolaire! J'imagine qu'elle n'est pas la seule personne dans son cas!

2 comments:

  1. Merci de partager votre pensée à propose de l'éducation scolaire.

    La plupart des échecs scolaires dans le contexte de la pauvreté se caractérisent par un faible apprentissage de la lecture de compréhension.
    Il y a beaucoup de thèses sur ce sujet parce que finalement c'est le but principal de l'école. En cette époque le développement de la science fait que les exigences de la société par rapport à la lecture soient fortes (par exemple, le projet de réforme de l'éducation aux Etats Unis en cours). Le problème est la méthode d'enseignement de la lecture à la population deprivée culturelment. Avant il n'y avait que des discussions peu productives sur les objectifs de l'enseignement, et d'autre part, la lingüistique est une science qui, depuis peu d'années vient l'aider. C'est pour ça que les nouvelles propositions d'enseignement de la lecture laissent de côté la controverse sur la méthode globale vs la méthode phonique, pour chercher un enseignement de la lecture à partir du texte, - et pas de la phrase, du mot ou de l'alphabet-, sans perdre la oportunité que donne la langue française d'apprendre la correspondence entre le son et le graphème.

    En somme, les politiques sociales doivent prendre en compte une enseignement chaque fois plus scientifique, avant que la technologie écarte les écoles inéficientes.

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  2. Ce n'est pas un vol, c'est un cambriolage!

    On réduit les programmes, on abaisse le niveau du bac, on enlève toute nécessité de réflexion et d'abstraction.

    Ce faisant, on tire les élèves forts vers le bas, on fait croire aux élèves faibles qu'ils peuvent réussir dans une voie pour laquelle ils ne sont pas préparés, et on envoie les très faibles dans des voies sans issue.

    On ferme les yeux devant le fait que des gamins de 18 ans font seuls le choix d'une orientation qui déterminera leur futur.

    Ceux qui s'en sortent sont ceux qui ont la chance d'être poussés par leur familles, ceux à qui on explique qu'une mention très bien au bac ne veut plus rien dire, ceux à qui on dit qu'endurer une prépa est la chose à faire. Ceux qui ne sont exposés qu'au système scolaire n'ont plus aucune chance.

    On a cassé l'ascenseur social, et on a mis tout le monde dedans avant qu'il n'entame sa chute libre.

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