Tuesday, July 27, 2010

De l'importance de l'enseignement des humanités et des arts

L'article de Martha C. Nussbaum a beau affirmer certains principes sans trop de justification, et apparaître ainsi (peut être) un peu antipathique, il est éclairant sur plusieurs points.

Il souligne, entre autres, l'importance d'un enseignement solide en culture générale et artistique pour une culture d'entreprise innovante, un pays productif, des institutions fortes au sein d'un état démocratique.

Voici quelques extraits pour vous donner envie de le lire :

si nous n’avons pas appris à imaginer chez l’autre des facultés intérieures de pensée et d’émotion, alors la démocratie est vouée à l’échec, car elle repose précisément sur le respect et l’attention portés à autrui, sentiments qui supposent d’envisager les autres comme des êtres humains et non comme de simples objets.

des pays du monde entier produiront bientôt des générations de machines utiles, dociles et techniquement qualifiées, plutôt que des citoyens accomplis, capables de réfléchir par eux-mêmes, de remettre en cause la tradition et de comprendre le sens des souffrances et des réalisations d’autrui.

L’innovation suppose des esprits souples, ouverts et créatifs ; la littérature et les arts cultivent ces capacités. Quand elles sont absentes, la culture d’entreprise s’étiole rapidement. On embauche plus volontiers des diplômés ayant une formation généraliste que des étudiants plus spécialisés, parce qu’ils sont réputés avoir la souplesse et la créativité nécessaires à l’entreprise. Quand bien même notre seul souci serait la croissance économique, nous devrions malgré tout protéger l’enseignement humaniste et général.

Pour être un citoyen responsable, toutefois, il faut tout autre chose : être capable d’évaluer les preuves historiques, de manier les principes économiques et d’exercer son esprit critique, de comparer différentes conceptions de la justice sociale, de parler au moins une langue étrangère, de mesurer la complexité des grandes religions du monde.

il ne suffit pas au citoyen démocratique d’être informé. Il lui faut faire l’expérience participative du discriminé, ce que permettent la littérature et le théâtre. On peut déduire de leurs réflexions que les écoles et les universités qui négligent les arts négligent les possibilités de favoriser la compréhension démocratique.

Mais les arts contribuent aussi à autre chose. En générant un plaisir lié à des actes de compréhension, de subversion et de réflexion, les arts produisent un dialogue supportable et même attrayant avec les préjugés du passé, et non un dialogue caractérisé par la peur et la défiance.

Dans toute démocratie moderne, l’intérêt national exige une économie forte et une culture d’entreprise florissante. Une économie prospère requiert quant à elle les mêmes aptitudes que la citoyenneté, et c’est pourquoi les tenants de ce que j’appelle “l’éducation à but lucratif” ou “l’éducation pour la croissance économique” ont adopté une conception appauvrie de ce qui est nécessaire pour parvenir à leurs fins. Mais, dans la mesure où une économie forte est un moyen au service de finalités humaines et non une fin en soi, cet argument est moins important que la stabilité des institutions démocratiques. La plupart d’entre nous ne choisiraient pas de vivre dans un pays prospère qui aurait cessé d’être démocratique.

Saturday, July 3, 2010

Le divertissement selon Pascal

Le divertissement (Les Pensées)

133
Divertissement.
Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser.

134
Nonobstant ces misères il veut être heureux et ne veut être qu’heureux, et ne peut ne vouloir pas l’être. Mais comment s’y prendra(-t-)il. Il faudrait pour bien faire qu’il se rendît immortel, mais ne le pouvant il s’est avisé de s’empêcher d’y penser.


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